Document Inaugural

Notes sur le rêve Africain

Laurent Ladouce – FPU France

Avec présentation powerpoint

 Une présentation powerpoint accompagne ce document, et en rend la lecture plus vivante. Pour la visualiser et la télécharger gratuitement, cliquer sur nouvelle vision du rêve africain.

Ce texte sert de document de base pour la commission de travail de la Fédération pour la paix universelle sur « le rêve africain ». Il doit lancer des pistes de réflexion et d'action sur des notions telles que le poids du continent africain, son aspiration à l'unité, les valeurs africaines, la réussite africaine ou encore l'excellence africaine ; il indique quelques noms d'auteur et quelques axes de travail.

  1. But de la commission « le rêve africain »

1.1 Rêve de l'Afrique, et rêve des africains

Le rêve africain peut signifier deux choses à la fois différentes et complémentaires : d'une part le rêve de l'Afrique de jouer un rôle accru dans la marche du monde, et d'autre part l'aspiration de centaines de millions de personnes africaines de mener une vie meilleure et de laisser à leurs descendants des perspectives d'espoir.

Concernant le rêve de l'Afrique, on soulignera les atouts de tout le continent africain pour jouer un rôle accru dans les affaires mondiales. L'Afrique a déjà donné deux secrétaires généraux à l'ONU, elle joue un poids très important dans le commonwealth et la francophonie, elle représente un poids démographique considérable, sans même parler de ses ressources fabuleuses ; d'emblée, notre commission peut étudier comment l'Afrique pourrait être dotée d'un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations unies.

 http://www.coptic.net/pictures/Photo.BoutrosBoutrosGhali.gif http://www.interet-general.info/IMG/Conseil-de-Securite-1-4.jpg http://library.thinkquest.org/05aug/01676/images/KofiAnnan-StateDept.jpgConseil de sécurité de l'ONU - Boutros Boutros Ghali et Kofi Annan, ex-secrétaires généraux de l'ONU

Mais c'est principalement l'aspect humain qui retiendra notre attention. Quel espoir ont les Africains de faire partie de cette "grande famille en Dieu" dont parle le Dr Hyun-jin Moon et qu'il présente comme étant le "rêve de Dieu en créant l'humanité" ?

Ce rêve est au cœur de toutes les grandes religions, et correspond à l'aspiration naturelle de tous les êtres humains. Au vingtième siècle qui a connu tant d'atrocités commises par des idéologies impies, il y a eu aussi d'admirables figures qui ont pu rassembler les êtres humains, et beaucoup furent des figures religieuses qui ont touché les cœurs de toute l'humanité au-delà de leur religion : Mahatma Gandhi, Martin Luther King, Mère Theresa, Jean-Paul II, le Dalaï-Lama. Cela montre que le slogan « une seule famille en Dieu » correspond bien à une aspiration universelle.

Le slogan One family under God est une allusion au thème américain One nation under God, qui fait partie du serment au drapeau que tous les écoliers connaissent par cœur aux États-Unis. One nation under God fait allusion à l'idée d'une alliance biblique entre Dieu et une nation qui est un rassemblement de peuples et de nations d'immigrés. Les États-Unis ont su créer une nation laïque, avec une séparation de l'Eglise et de l'Etat, mais où il y a une sorte de contrat ou d'alliance entre la société civile et le Dieu de toutes les religions. Peut-on penser à quelque chose de similaire dans certaines régions d'Afrique, on peut se poser la question.

2.       Emergence des unions régionales et « rêves régionaux ».

Le phénomène appelé mondialisation est souvent dépeint sous un jour sombre, alors que la mondialisation peut aussi être vue comme un rapprochement des êtres humains. Un des aspects de la mondialisation est la création d'unions régionales, au sein desquelles la confiance, la paix, les échanges, peuvent se renforcer. On peut ainsi parler de « rêve panaméricain », de « rêve européen » (Jeremy Rifkin), de « rêve asiatique » ou de « rêve sud-est asiatique ».

Il existe toutefois un continent entier du globe, qui semble ne pas avoir de rêve, ou être exclu du rêve. Ce continent, c'est le continent africain. Certes, l'Afrique ne se décourage pas et essaie de faire entendre sa voix dans la mondialisation. La prochaine coupe du monde de football, en Afrique du Sud, pourrait être un grand rendez-vous de l'humanité avec une expression du « rêve africain »

La FPU veut donc lancer une commission de travail sur le « rêve africain » pour plusieurs raisons :

-        le discours sur le continent noir continue d'être afro-pessimiste, alimentant l'incertitude, l'apathie, l'insécurité, qui aggravent les problèmes. L'Afrique comme continent et les Africains continuent d'apparaître marqués par « la malchance », différents types de malédictions naturelles et historiques. 

-          Les images de « réussite africaine », et surtout de réussite humaine, sont insuffisamment connus.

-          Le continent africain véhicule dans l'ensemble une triple image négative : celle d'un continent où la vie individuelle est précaire, avec peu d'opportunités pour s'instruire, se former, être reconnu, et où les droits de l'homme sont fragilisés pour diverses raisons ; celle d'un continent où les rapports humains sont infestés par la violence, un manque d'unité, de coopération entre tous ; celle enfin d'un continent marqué par une grande pauvreté.

3.       Rêve africain et « valeurs africaines »

Les rêves où les Africains réussissent semblent souvent des rêves d'évasion : la gloire sportive souvent hors de chez eux, la percée de quelques mannequins, les immigrés qui ont réussi hors d'Afrique. La commission sur « le rêve africain » veut souligner les cas de réussite en Afrique. On essayera de comprendre les clés de ces réussites, surtout les clés humaines, touchant aux attitudes et comportements. Il s'agira de montrer que, même dans un contexte hostile, des individus africains, des familles africaines, des communautés, trouvent des ressources endogènes pour réussir et faire réussir. L'accent sera mis sur les ressources propres à la personnalité africaine, ce qu'on appellera provisoirement, les valeurs africaines. Par valeurs africaines, on entendra l'apport positif de l'Afrique à des valeurs universelles. Certes, le terme de « valeurs africaines » doit être utilisé avec précautions. On partira des idées lancées rapidement par Anne-Cécile Robert, auteure de « L'Afrique au secours de l'Occident »

L'image

« Il s'agit de voir en quoi les valeurs africaines pourraient contribuer à améliorer le monde. Ainsi, les Occidentaux se plaignent de l'éclatement du lien social, de la solitude et les gouvernements paient des sociologues pour comprendre ce qui se passe ; les gens ont recours à des psychiatres pour essayer de mieux vivre. Peut-être que si on écoutait davantage les sociétés africaines, on trouverait des solutions à ces problèmes. Le modèle occidental arrive à épuisement. Bien sûr, il ne faut pas, en imaginant ce que les cultures africaines pourraient apporter au monde, idéaliser les valeurs africaines qui ont leur envers, comme toutes les valeurs. Par exemple, le sens du collectif qui existe en Afrique et que l'Occident a perdu, n'est pas sans envers. Souvent les Africains se plaignent de la trop grande pression du groupe. Il appartient aux Africains de faire le tri dans leurs valeurs, de les remodeler suivant leurs aspirations et leurs besoins contemporains. Car les valeurs ne sont pas figées et chaque génération doit se les réapproprier. »

Un des buts de la commission serait de faire ressortir la beauté de la personnalité africaine, ses valeurs fortes, universelles, qui font que les gens auront envie d'aimer les Africains et de les avoir comme amis et partenaires. Les Africains peuvent s'inspirer du continent asiatique. Le « rêve asiatique », souvent réduit au miracle économique, est en réalité lié à la personnalité, selon M. Taro Aso, ancien ministre des affaires japonais :

« Plus important que l'aspect économique est la révolution psychologique que font les asiatiques depuis une trentaine d'années. Je veux dire par là que les asiatiques ont commencé à prendre conscience qu'ils étaient beaux. » M.Taso faisait allusion au rayonnement croissant des produits culturels asiatiques : cinéma, télévision, musique etc, mais aussi à l'attrait du reste du monde pour le mode de vie et de pensée des peuples d'Asie.

  1. Significations possibles du « Rêve Africain »

    1. L'Afrique comme Paradis perdu

Les paysages d'Afrique et la nature africaine alimentent les rêves : d'exotisme, d'aventure, de contact avec une sorte de paradis perdu. Un peu comme l'Amérique, le continent africain continue de faire rêver le monde entier par ses grands espaces, sa nature, ses paysages. En un sens, l'Afrique évoque l'enfance, car beaucoup d'histoires d'animaux se situent en Afrique, et l'Afrique évoque aussi le berceau de l'humanité. Il y a une nostalgie de la nature et d'une vie simple. Reste à définir un tourisme de qualité pour exploiter de façon durable ce trésor, et une stratégie touristique panafricaine. Voilà un autre axe de travail pour notre commission.

    1. Définir l'équivalent africain du « Rêve américain »

On peut aussi définir le rêve africain par contraste avec le Rêve américain, ou le rêve européen. Le rêve américain a au moins quatre composantes

-          La composante spirituelle de la « Cité sur la colline » (Winthrop) et du sanctuaire

-          La composante politique : pays de la démocratie, de la destinée manifeste

-          La composante économique : terre d'opportunité, partir de rien (from rags to riches)

-          La composante sociale : « Je fais un rêve », Martin Luther King

Une piste serait de souligner les équivalences possibles en Afrique.

Le rêve spirituel : une « Cité sur la colline » ?

Le point fort de l'Afrique semble être sa grande ferveur spirituelle, d'un bout à l'autre du continent. C'est le continent de la spiritualité vivante, populaire, collective, où sont nés beaucoup de courants spirituels. L'Afrique participe à la re-christianisation du monde, elle est aussi une chance pour les religions d'être à la fois dynamiques et respectueuses des autres. Le rêve a aussi un revers de la médaille. Peut-être que nos pasteurs et leaders religieux africains pourraient travailler sur la dimension spirituelle, en s'inspirant des propos de Edward Wilmot Blyden, Homme d'Etat libérien statesman et éducateur :

L'Afrique pourrait bien s'avérer le conservatoire spirituel du monde… quand les nations civilisées, en conséquence de leur  merveilleux development matériel, auront obscurci leurs perceptions spirituelles et que leur sensibilité spirituelle se sera émoussée à force de s'absorber dans le matérialisme, elles devront peut-être se tourner vers l'Afrique pour retrouver certains éléments simples de la foi.

Rêve politique : une destinée manifeste ?

Certes, le continent africain reste associé à une image globale de malgouvernance. Plusieurs Etats africains sont d'ailleurs dits défaillants : l'autorité centrale ne pèse pratiquement plus sur les populations, livrant celles-ci à l'abandon ; cela dit, le cas de l'Afrique du Sud montre que l'Afrique peut aussi donner l'exemple. Dans les années 90, à Madagascar, le mouvement dit des Forces Vives, a réussi à faire tomber la dictature du président Ratsiraka par des manifestations de masse non violentes ; Madagascar passait alors pour la Pologne de l'Afrique. On pourrait essayer de tracer une carte de la bonne gouvernance en Afrique et de voir comment les modèles vertueux peuvent devenir contagieux.

Rêve économique : une terre d'opportunité ?

Le dénuement des beaucoup d'africains n'a d'égal que son fabuleux potentiel énergétique. L'Asie est elle aussi longtemps restée très pauvre. On estime aujourd'hui que les principaux facteurs de développement sont d'ordre culturel. Notre commission pourrait étudier des cas concrets d'une « éthique africaine du capitalisme ».

Le rêve social : l'Afrique du Melting Pot

Mandela a été l'artisan d'un mouvement d'harmonie raciale dans le pays le plus riche de toute l'Afrique. Mais il y a d'autres exemples moins connus de coexistence harmonieuse entre les ethnies, le religions, les générations. Il s'agit de les inventorier.

    1. L'Optique de la Fédération Internationale pour l'Education (F.I.E.)

Notre commission peut aussi s'inspirer des travaux de la FIE qui tournent tous autour de la notion de trois grands buts dans la vie :

-          perfection du caractère : sagesse, maîtrise de soi, équilibre

-          Liens affectifs et familiaux

-          Mettre sa créativité au service de la société

Ici, le sens de « rêve africain », c'est l'épanouissement de homo africanus, à savoir des personnalités africaines qui ont mené de belles vies. En faisant appel au folklore traditionnel, à la tradition orale, nous pourrions voir comment les civilisations africaines ont donné des repères aux êtres humains par rapport à ces trois grands buts de la vie. Il faudrait se concentrer sur les histoires de réussite humaine imputables à des « valeurs africaines ».

  1. Quelques pistes sur la notion de « rêve africain »

Dans la dernière partie de ce document d'approche, essayons de voir que d'autres personnes ont dit du « rêve africain »

5.1    Nekam, théoricien francophone du « rêve africain »

Cet auteur développe plusieurs concepts autour de la notion de « rêve africain ». Il mise essentiellement sur une dynamique d'espoir, sur le facteur humain et parle peu des aspects extérieurs, car le rêve africain, pour lui se situe dans le cœur des Africains. (www.afriblog.com). Nekam emploie sans cesse quelques mots clés

-          Utopie, eldorado « Afrique eldorado, offrant au monde un champ d'investigation et de potentialité nouvelle. Une Afrique terre promise, pas seulement pour ses enfants mais aussi pour le reste du monde »

-          Fierté africaine

-          Afro-optimisme

-          Pari de la réussite en Afrique

-          L'immense richesse humaine du continent africain

Certes, il a aussi un diagnostic lucide des plaies d'Afrique  - Le rêve africain se heurte selon lui à :

-          d'interminables conflits ou d'accablants miroirs aux alouettes (violence et illusions)

-          l'héritage d'une situation souvent peu favorable à un développement harmonieux

-          l'ignorance d'elle-même

-          un déséquilibre total à tous les niveaux

-          un afro pessimisme. « Le pessimisme est un sentiment d'amour refoulé » dit-il

-          l'Afrique est riche de sa jeunesse mais sa jeunesse n'est pas « encore » riche d'elle.

Extraits de son blog

Nous (jeunesse africaine) avons le devoir de nourrir de nouvelles utopies pour notre continent. C'est une nécessité consciente car nous ne pouvons sciemment trahir ce qui par ailleurs devrait être notre plus grande fierté. C'est ainsi que je voudrai vous parler du rêve africain.

Le rêve africain est cette utopie que je voudrai vous faire partager. Cet idéal qu'il nous faut réaliser et vendre au reste du monde comme une évidence. Le rêve est une utopie qui ne demande qu'à se réaliser. Il est cet éclat de l'esprit qui permet de croire, d'espérer et d'avancer. En Afrique, plus qu'ailleurs, les gens ont besoin de rêver. Ils ont besoin d'y croire… empêtrés comme ils le sont, dans d'interminables conflits, animosités ou d'accablants miroirs aux alouettes. Héritière dans sa majorité d'une situation historique, culturelle, politique et économique souvent peu favorable à un développement harmonieux, la jeunesse africaine  ne parle pas d'elle-même. Son image est tellement difforme qu'elle ne sait pas se regarder en face. Comme les autres, elle aspire à la découverte du monde mais ignore son propre monde. Comme les autres, elle aspire à la liberté du monde mais pèche par inattention à ses propres chaînes. Le constat est long, complexe et démontre clairement un déséquilibre total à tous les niveaux de la vie. Et cela se manifeste entre autres : par une absence quasi-pathologique de rêves, un scepticisme stérile et une banalisation profonde des fruits de la pensée.

L'utopie qui m'habite est un paradigme nouveau qui ferait de l'Afrique un eldorado. Un support de conscience supplémentaire pour une génération consciente de ses besoins, de ses travers et de son rendez-vous avec le futur qui, comme le disent, les sages, s'enracine dans le passé. Le rêve africain est une utopie qui ne dépend que de nous. Sa variante outre-atlantique est l'une des plus belles réussites de la conscience populaire américaine, de sa culture et de sa politique. Des quatre coins de la planète et bien plus en Afrique qu'ailleurs, des milliers de gens salivent d'appétit devant le rêve américain, qui était autrefois pour les colons britannique, une utopie.

Le rêve africain, c'est miser d'abord sur l'immense richesse humaine que compte notre continent. Les autres richesses viendront par la suite. Adhérer à cet idéal, c'est s'employer dans la mesure des possibles à la matérialiser. Moi-même, j'ai fait partie d'une embarcation de fortune pagayant dans un fleuve africain avec en ligne de mire, l'Espagne. Heureusement pour moi, le chemin n'était pas direct sur la mer ou l'océan, il donnait sur la guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole récemment baptisée nouvel eldorado d'Afrique. L'objectif était clair, travailler quelques temps, falsifier des documents administratifs et obtenir la nationalité guinéenne afin de pouvoir facilement échouer en terre espagnole. Cette tentative d'immigration était pour moi alors, l'unique souffle de vie qui me maintenait en vie. Pourquoi ? Parce que comme presque la totalité des frères de ma génération, tous pays confondus, j'étais tourné vers le modèle occidental. Modèle beau sous bien des rapports, mais modèle occidental de prime abord.

L'utopie qui m'habite est une Afrique terre promise, pas seulement pour ses enfants mais aussi pour le reste du monde. Un tel idéal sous-entend un immense concerto d'amour, d'efforts psychologiques et de bonnes volontés orientées vers l'Afrique, notre continent.  Immense ? Oui, parce qu'il a été immense, le changement qui s'est opéré progressivement au fond de moi alors même que je désespérais de ne pas  pouvoir arriver en occident !

En Afrique, on a coutume de s'entendre traiter de naïf lorsque l'on caresse un rêve. C'est étonnant de voir à quel point on a redéfini le sens des mots OPTIMISME et NAÏVETE. Si l'on prend la peine d'ouvrir un dictionnaire, on constatera qu'il y a plusieurs possibilités d'explications du mot optimisme. 1) tournure d'esprit qui dispose à prendre les choses du bon coté. 2) confiance en l'avenir. 3) philosophie selon laquelle le mal n'est jamais définitif, pas absolu. Quant au mot naïveté, les synonymes sont : candeur, inexpérience, innocence, bêtise etc. Il apparaît donc clair qu'il y a là deux mots distincts qui n'ont strictement rien en commun.

Je dirais que les afro-pessimistes ont tendance à l'acceptation et la résignation.  Discutez avec eux, ils vous sortiront la liste longue et douloureuse des malheurs qu'a connu et que connaît  l'Afrique. Ils vous parleront de guerre, d'épidémie, de misère, de pandémie, de génocide, de politique, de famine, de crime contre l'humanité commis par des africains eux-mêmes, comme si, seul les Africains avaient reçu la palme d'or pour cela. Ils vous parleront d'ignorance totale, de certains de nos frères, comme si le savoir était un acquit congénital. Ils vous parleront d'acculturation d'une grosse partie de nos populations, comme s'il n'y avait pas là, justement matière à cultiver les esprits. Ils vous parleront d'irresponsabilité totale, chez certains de nos leaders, comme si l'avenir de l'Afrique dont il est question ne leur concernait pas individuellement.  Le pessimisme de cette catégorie de gens, n'est alors qu'une fuite en avant, un sentiment d'amour refoulé sous un apparat philosophique.

L'afro-optimisme qui m'habite, est bien plus qu'une utopie qu'il faudra réaliser. Il est une religion que mon utopie majeure souhaite partager aux membres de ma famille ainsi qu'aux membres de ma terre (Afrique.) La réalité n'étant pas la même pour tous, il n'empêche, ces conséquences vont bien au-delà des catégories sociales. (Extraits du blog de NEKAM)

5.2    une expérience de « rêve africain » pour des Afro-américains

Rêve africain source : Télécinéobs le 31/05/2007 auteur : Léna Mauger

La chronique intimiste d'un étonnant projet pédagogique qui vise à couper de leur milieu criminogène de jeunes garçons du Maryland.

Cet excellent documentaire nous offre la chronique intimiste d'un étonnant projet pédagogique : pendant deux ans, de jeunes Afro-Américains de Baltimore ( Maryland ), l'une des villes les plus criminogènes des Etats-Unis, vont séjourner dans un pensionnat à Baraka, au Kenya. Quelques 76 % des garçons afroaméricains de Baltimore quittent le système scolaire sans diplôme. L'objectif du programme est donc de donner à certains d'entre eux une chance de réussir. Chaque année, une vingtaine de jeunes issus de familles en grande difficulté - petits délinquants, toxicomanes - sont sélectionnés. A Baraka, en pleine brousse, sans radio ni télévision, ils suivent une éducation stricte et personnalisée, rythmée par des jeux, des cours de sport et par l'observation attentive de la savane et des animaux. Extraits de leur quartier d'origine, à des milliers de kilomètres des règlements de comptes et du lourd climat de violence de Baltimore, ces très jeunes adolescents apprennent à vivre comme des enfants de leur âge. Les parents, eux, soucieux de l'avenir de leurs enfants, se réjouissent de ce voyage en Afrique et y mettent tous leurs espoirs. Après le rêve américain, le rêve africain... ? Drôle de leçon.

5.3    Un exemple de réussite en Afrique malgré des épreuves terribles

Au Mali - Le rêve africain de Bassam Azar

L'Express du 24/10/2002 - par Christine Holzbauer Madison à Bamako

Petit, râblé, Bassam Azar, 40 ans, a la vivacité d'esprit de l'homme d'affaires qui ne s'en laisse pas compter. Pour ce rejeton d'une famille de commerçants maronites originaires du village d'Aintoura, au pied du mont Liban, l'Afrique est la grande chance des Libanais. Installée au Mali depuis trois générations, sa famille a subi les contrecoups de l'indépendance, en 1960, comme toutes les autres familles libanaises de cette ancienne colonie de l'AOF. «Mon père est parti la mort dans l'âme ouvrir des magasins en Haute-Volta, l'actuel Burkina, puis il est retourné à Beyrouth», se souvient-il. C'est là que Bassam, qui a deux sœurs et un frère, est né, avant de revenir avec ses parents en terre africaine à l'âge de 1 an. Bassam a grandi en Haute-Volta, mais c'est pourtant au Mali qu'il a choisi de s'installer pour faire fortune. Refusant d'apprendre l'arabe, il quitte l'école pour entrer en apprentissage dans l'entreprise familiale au moment où éclate la guerre civile au Liban, en 1976.

« Tout ce que j'ai réalisé, je l'ai fait à la force du poignet »

« Tout ce que je sais aujourd'hui, je l'ai appris par moi-même; tout ce que j'ai réalisé, je l'ai fait à la force du poignet », dit-il fièrement. Travailleur infatigable, cet ancien phalangiste débarque à Bamako le 13 septembre 1982, une semaine avant les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila. Conquis par les nombreuses occasions qui s'offrent à lui, il ouvre son premier magasin, Azar libre-service, en plein centre-ville, deux ans à peine après son arrivée. En 1987, c'est le tour du «grand» Azar, situé dans le quartier de l'Hippodrome, où résident la plupart des familles de coopérants français, et, en 1989, celui du «petit» Azar, de l'autre côté du fleuve, dans ce qui est aujourd'hui un quartier huppé de Bamako.

Son ascension est stoppée en 1991, quand éclate la révolution du 26 mars contre la dictature de Moussa Traoré. Ses magasins sont pillés, puis brûlés, pendant les émeutes, qui firent près de 300 morts. «J'ai perdu 95% de ce que je possédais, explique-t-il calmement. Mais je n'ai aucune rancœur!» Grâce à un prêt bancaire, il entreprend la reconstruction de ses magasins, plus grands et plus beaux! Pour être à nouveau ruiné en 1994, quand intervient la dévaluation du franc CFA, qui double le montant de ses remboursements. Alors il se remet à travailler d'arrache-pied, imposant des cadences infernales à ses employés, qui le respectent néanmoins en raison de son courage et de sa détermination.

Aujourd'hui, les magasins Azar sont incontournables dans le paysage bamakois de la grande distribution, qui, il est vrai, ne subit la concurrence que... d'autres Libanais. L'Amandine, une pâtisserie ouverte en 1999, qui fait aussi café-restaurant, est l'autre grande réussite de Bassam, devenu malien en 1991, sous le gouvernement de transition mis en place par le général Amadou Toumani Touré, l'actuel président, dit «ATT». Après vingt ans de dur labeur dans un pays où sont nées ses deux filles, et où son épouse - une Libanaise, comme lui - se sent «mieux qu'au Liban», ce commerçant dans l'âme est en passe de réaliser son rêve africain. Il ouvrira sur plus de 2 800 mètres carrés, d'ici à la fin de l'année, le premier centre commercial de la capitale. Un investissement de 1,6 milliard de francs CFA qui devrait le mettre à l'abri de tout nouveau revers de fortune




29/01/2008
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