Le développement humain et l'Afrique (première partie)

Première partie : le développement à l'épreuve des faits

Laurent Ladouce, rapporteur de la commission « Le Rêve Africain »

Ce document est une introduction générale aux notions de développement et de développement humain. Il montre comment on est passé en quelques décennies d'une vision matérialiste et quantitative portant sur le développement des choses à une vision plus intérieure : le développement des êtres humains, par les êtres humains et pour les êtres humains.

Les Nations unies, dans une vision  de paix mondiale, firent du développement une priorité en créant le Programme de Développement des Nations unies. Le PNUD a mené des programmes de développement pendant des décennies et publié maints travaux de recherche ; son savoir-faire inspire respect et humilité. Mais le PNUD a souvent revu en profondeur sa propre approche du développement ; l'autocritique a tenu et tient encore une bonne place dans ses écrits. La Fédération pour la paix universelle souhaite apporter sa modeste contribution au débat.

La force motrice du développement

Se développer mais vers où ? Dans quel but ? Le développement a une force motrice en amont, des buts et des valeurs en aval. Pendant des décennies, l'approche économique prédominait. « Le développement confiné à l'économisme implique automatiquement deux notions clés, la croissance économique comme moteur et but final du développement et une rentabilité à court terme maximale comme justification universelle de l'action. »
 
Or si le développement donne un plus à nos vies, apporte-t-il un mieux ? Il devrait accroître nos libertés plus que nos besoins. Lytou Bouapao est vice-ministre de Éducation du Laos. Son cas mérite d'être cité :

"Je viens d'une famille hmong. Les hmong du Laos sont peu intégrés, leur apport au développement du pays est minime. Nous étions 11 enfants, mes parents étaient illettrés. Or mon père disait que tous ses  enfants iraient à l'université. Cet infatigable leader nous a donné une éducation stricte. Chaque année, il vendait un buffle pour payer nos études. Nous avons réussi, tous les enfants ont eu le bac. J'ai étudié en France, un frère a eu son doctorat à Berlin, un autre encore a étudié en Australie. Il était tentant de faire sa vie à l'étranger. Mais nous sommes restés fidèles à la patrie. Nous travaillons dans le secteur public : le père avait éduqué ses enfants à être plus doués que lui - mais pas plus égoïstes, matérialistes ou âpres au gain."

Dans d'autres pays du tiers-monde, le cœur responsable des parents reste le moteur du développement. Ils veulent pour leurs enfants une vie valable et utile au pays. Tant que cet esprit animera les parents, le monde pourra surmonter les défis du développement. Vision trop simpliste ? Sachons que Dag Hammarskjöld, l'ancien secrétaire des Nations unies, abordait la mission publique avec une motivation semblable. Guider l'ONU n'était pas pour lui un travail ou une position, mais une mission universelle de servir la famille humaine, un sacerdoce émanant du parent ultime :

Des générations de soldats et de fonctionnaires d'Etat du côté de mon père m'ont transmis la conviction qu'aucune vie n'était plus satisfaisante que de servir son pays - ou l'humanité. Les universitaires ou pasteurs du côté de ma mère m'ont transmis la conviction que tous les hommes étaient égaux comme enfants de Dieu, méritant d'être traités comme nos maîtres en Dieu

http://media.hd.se/2005/05/09/111255/large/dag_hammarskjold.jpg          http://www.daghammarskjold.se/images/dag-hammarskjold-portrait.jpg 
Dag Hammarskjöld avec sa mère et comme secrétaire général de l'ONU.

 L'approche du développement de la FPU s'appuie pareillement sur deux notions simples :

-          L'humanité est une grande famille créée par Dieu ;

-          Vivre pour les autres unira la famille humaine.

La FPU ajoute que la famille est l'école de l'amour ; et que les valeurs spirituelles et morales priment sur les valeurs matérielles. Ces éléments sont essentiels au développement.

Qu'est-ce qui doit être développé ?

Qu'est-ce que le « développement » ? Qu'est-ce qui doit être développé ? L'univers s'est développé du big bang jusqu'à aujourd'hui. Tout organisme vivant se développe. La maturation graduelle d'un être vers son achèvement, de son potentiel jusqu'à sa réalisation, du « pouvoir être » à l'être, tel est le développement. Ce qui croît, par conséquent, c'est l'être. La croissance autant quantitative que qualitative. Qui dit développement dit plus d'être et surtout mieux-être.

http://www.greekshares.com/uploaded/files/adam_smith.jpgAdam Smith, auteur de La Richesse des Nations

Les nations aussi se développent, ou croissent vers la maturité nationale. Une nation naît, se développe et devient l'incarnation de ses idéaux fondateurs. Une partie du développement concerne ce qu'Adam Smith appela La Richesse des Nations. Si la « prospérité » est statique et limitée au présent, la « richesse des nations » évoque une dynamique dans le temps, un élan générant de la richesse. En grandissant, une boule de neige crée une avalanche, et décuple sa puissance initiale ; la notion de Richesse des nations chez Smith comporte l'idée d'accumulation de capital, réinvestie pour générer plus de richesse. Le développement national, c'est de l'abondance nationale qui se perpétue.

Smith devint le théoricien d'un phénomène appelé progrès, modernisation, ou industrialisation. Une société « développée » privilégie la rationalisation, l'organisation, la mécanisation, l'automatisation. L'Etat-nation est la matrice du développement. Pourquoi ? Seul l'Etat offre les outils décisifs du décollage économique : la sécurité nationale, mais aussi un système bancaire et une monnaie nationale, une administration fiscale, des infrastructures. Plus qu'une notion économique, le développement concerne l'économie politique ; son symbole le plus puissant est le Produit National Brut. Le rang et le prestige des nations sont ici en jeu. Dans chaque pays, certaines régions réussissent mieux que d'autres mais c'est le PNB de l'Etat souverain qui importe et ses mécanismes de répartition des richesses. Le PNB a donc établi une hiérarchie parmi les nations, créant autant d'émulation que de tensions. Une question clé du développement est : « pourquoi certaines nations se développent, et pas d'autres ? » Cette question est décisive pour comparer des régions voisines (Amériques du Nord et du Sud) des pays voisins (Pourquoi le Royaume Uni a-t-il dépassé la France durant la révolution industrielle ?) ou des nations divisées (Allemagne de l'ouest et de l'Est, Corée du Nord et du Sud).

Bien sûr, les nations leaders du globe ne sont pas seulement riches. La puissance et l'influence reflètent aussi l'héritage culturel, l'ego national, le sens d'une mission historique. Ces facteurs engendrent des « modèles » enviés ... ou haïs. Cela dit, le développement est surtout perçu comme « croissance économique » ; cela a longtemps contaminé toute la notion de développement humain. Dans la France des années 1840, le premier ministre Guizot avait lancé le slogan « Enrichissez-vous », mais Charles Baudelaire souligna :

II ne peut y avoir de progrès (vrai, c'est-à-dire moral) que dans l'individu et par l'individu lui-même (…) Théorie de la vraie civilisation. Elle n'est pas dans le gaz, ni dans la vapeur, ni dans les tables tournantes. Elle est dans la diminution des traces du péché originel.

Dans la nature, le développement signifie l'accomplissement de l'être, or l'économie politique en fait souvent un  accroissement de l'avoir. Mais si des personnes peuvent avoir plus, alors pour quoi ? Que gagner, à part de l'argent ? Pendant des décennies, la question du développement a négligé l'amélioration de ce que sont ou font les gens. La croissance économique passait pour être tout le développement. Celui-ci reposait sur l'étatisme économique, une vision qui sous-estime souvent le dynamisme de la société civile.

Puis vint une révolution copernicienne. Pour comprendre le fruit (« Ce qui doit être développé »), il faut étudier la racine, le facteur humain : « Qui doit être développé ? Par qui ? » Développement humain signifie d'abord la croissance du potentiel humain vers la maturité et la capacité de léguer ce capital aux descendants. Derrière le décollage national, on trouve souvent des individus remarquables, ayant le sens d'une mission. Les bâtisseurs d'empires industriels transmettent un héritage de bonne gouvernance à leurs descendants, fondé sur l'éthique familiale. Dans le monde occidental, maintes dynasties ont lancé le capitalisme, et l'entreprise familiale joue encore un grand rôle dans la prospérité nationale. Dans l'Asie moderne aussi, le développement initial est venu de pionniers perçus comme des patriotes. La forte éthique familiale caractérise d'ailleurs les Valeurs asiatiques.

Développement du peuple, par le peuple, pour le peuple

L'économie politique étudie le rôle de l'Etat de créer du développement pour le peuple. Ce n'est là qu'une partie du développement humain. Le développement humain global apportera une paix durable s'il est pour le peuple mais aussi du peuple et par le peuple. Ici, des facteurs non-économique sont en jeu : des facteurs psychologiques et éthiques.

Individus idéaux, familles idéales, nations idéales

La pensée occidentale a privilégié le thème de la nation idéale, avec des ouvrages tels que La République de Platon, La Cité de Dieu de Saint Augustin, L'Utopie de Thomas More, Das Capital de Karl Marx. Cette passion de la nation idéale a entraîné l'histoire dans des réformes ou des révolutions majeures. Ces courants peuvent avoir été un cours inévitable de l'histoire humaine, mais le principal développement humain est encore à venir, sur la base du changement extérieur. La FPU parle d'abord de perfection individuelle et de famille idéale. Là où la pensée occidentale croit en la société idéale et doute de la perfection humaine et de l'éthique familiale, ces deux thèmes sont les piliers de la philosophie de développement de la FPU. Elle prône avant tout une révolution de la conscience et une révolution du coeur.

Dans l'antiquité, l'histoire humaine s'accéléra par des révolutions dans l'agriculture, la technologie, l'écriture, la naissance de la science et de la philosophie. Mais c'est la figure du Christ qui influença le plus le sort de l'humanité. Il apporta le saut qualitiatif et vertical, de l'homme vers l'être absolu. Hegel souligna le rôle des individus cosmohistoriques, ayant une valeur universelle. Evoquant les grands fondateurs de religions, Karl Jaspers parla d'un âge axial de l'histoire humaine : « Les fondements spirituels de l'humanité ont été posés simultanément et indépendamment ... et ce sont les fondements sur lesquels l'humanité subsiste encore aujourd'hui. » Selon l'historien britannique Arnold Toynbee, les civilisations naissent de la réponse d'individus créatifs à des défis. La civilisation progresse en sachant répondre aux difficultés par des moyens créatifs, lesquels sont intérieurs et spirituels plutôt qu'extérieurs et matériels. La société entre en crise quand ses élites ne savent plus guider les masses par l'exercice de leurs pouvoirs créatifs ; d'où une défiance de la majorité et la perte de l'unité du corps social. Quant à la FPU, elle rappelle sans cesse l'apport essentiel au développement humain des grands sages et saints de l'histoire : Bouddha, Confucius, Socrate, Jésus, et Muhammad.

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Hegel, Jaspers, Toynbee : trois lectures "providentielles" de l'histoire des civilisations

Dans les temps modernes, la Réforme joua un rôle crucial. La Renaissance entraîna un progrès extérieur en maints domaines. Mais sans la Réforme, une grande partie du développement démocratique et capitaliste n'aurait pu se faire. Plus riche que l'Angleterre pendant un temps, l'Espagne ne connut son développement moderne que bien plus tard. La prospérité seule ne dit pas toujours si une nation se développe dans le vrai sens du terme.

Si les individualités cosmohistoriques sont décisives, il faut souligner le rôle de la famille et du patrimoine familial transmis par le lignage. La FPU voit le but ultime de l'histoire non seulement dans l'avènement d'une figure christique, mais dans la recréation du couple humain originel. Plus que le paradigme de l'Adam originel ou du Christ, le paradigme du couple originel, Adam et Eve, est au centre de l'enseignement de la FPU.

Il ne peut y avoir de développement national complet sans perfection individuelle et famille idéale. Bien des innovations récentes dans les sciences économiques ont montré le rôle décisif :

-          du « capital humain » (Gary Becker), correspondant à l'accomplissement individuel.

-          De l'investissement des familles dans le potentiel de leurs enfants

"Besoins fondamentaux" et "valeurs choisies"

 Modifiant le discours sur le développement, le PNUD passa de la « croissance économique » au « développement humain ». Façon de souligner que la richesse première d'une nation est son peuple, plus que ses trésors naturels. Le développement est dit humain quand il n'est pas une fin en soi mais vise l'épanouissement global de la personne. En 1993, le PNUD accepta l'indice de développement humain (IDH), terme proposé par l'économiste pakistanais Mahbub ul Haq. L'IDH est une mesure comparative de pauvreté, d'alphabétisation, d'éducation, d'espérance de vie, et d'autres facteurs pour les pays du monde. C'est une sorte de norme pour mesurer le bien-être.

L'image      http://www.icrw.org/images/images/2006-tinker-Sen-head.jpg
Mahbub ul Haq                                                           Amartya Sen

Autre changement de paradigme : les « besoins fondamentaux ». Le développement humain ne peut se limiter à satisfaire sans fin nos « besoins fondamentaux ». En effet, la nature humaine ne se réduit pas à ce dont l'homme a besoin. Elle est dans l'aptitude à s'affranchir des besoins afin d'être libre pour des valeurs, lesquelles sont délibérément choisies. L'économiste Amartya Sen, Prix Nobel d'économie 1998, entreprit de redéfinir le développement essentiellement en termes de liberté humaine, ou « capacité » :

Le Développement peut être vu ... comme un processus d'expansion des libertés réelles dont on jouit. L'accent mis sur les libertés humaines [ou capacités] se démarque de points de vue plus étroits sur le développement, comme d'identifier le développement avec la croissance du produit national brut, ou avec la hausse des revenus personnels, ou avec l'industrialisation, ou avec les avancées technologiques, ou la modernisation sociale.

 Un monde qui satisferait les besoins fondamentaux engourdirait  peut-être les frustrations et les tensions. Mais l'humanité aspire à mieux : à un monde où des citoyens qualifiés et capables travaillent ensemble au bien commun. Un texte de l'UNESCO de 1982 parlait  de développement global : « Le développement est un processus complexe, global et multidimensionnel intégrant toutes les dimensions de la vie et toutes les énergies d'une communauté. Ses membres sont tous appelés à offrir une contribution et peuvent escompter en partager les bienfaits. »

 Une personne développée ne se contente donc pas de recevoir des bienfaits culturels, sociaux et économiques. C'est plutôt un créateur qui peut procurer à beaucoup de multiples biens matériels et spirituels et les aider à devenir même meilleur que lui/elle. La FPU expose une vision globale des valeurs. Elle s'appuie sur la dualité de l'homme composé d'un esprit et d'un corps, et ayant d'autre part un but de l'ensemble et un but individuel.
 

Caractéristiques duales

Désir

Buts

Valeurs duales



Esprit


Désirs Intérieurs

Désir se réaliser la valeur



But intérieur

But

de l'ensemble

Valeur extérieure à incarner pour autrui

Désir de chercher les valeurs

But

individuel

Valeur intérieure pour soi


Corps


Désirs Extérieurs

Désir de réaliser les valeurs


But extérieur

But de l'ensemble

Valeur extérieure à incarner pour autrui

Désir de chercher les valeurs

But individuel

Valeur extérieure pour soi

L'esprit de développement et le développement de l'esprit

 Le principal frein au développement est dans l'être humain. Autrement dit, une fois ôtés certains obstacles socio- économiques, des freins plus intérieur apparaissent. En certains lieux du globe, la manne financière est là, mais n'est pas irriguée par un « esprit du développement ». La raison est claire  : le développement de l'esprit y stagne. Même des peuples de grande culture ont connu des attitudes néfastes au progrès. L'esprit de développement est là chaque fois que l'Etat a fait une alliance morale avec la population, sur une base de confiance mutuelle. Le développement est alors non seulement pour le peuple, mais du peuple, et par le peuple. D'où l'insistance de l'ONU, depuis quelques années, sur une participation accrue de la société civile au côté des Etats et des agences internationales.

Le sous-développement menace la paix, mais le maldéveloppement aussi. Certains pays ont une croissance économique élevée et savent répartir la richesse ; mais leurs sociétés restent rigides. Plusieurs Etats du Golfe s'apparentent à cette catégorie. Ailleurs, un haut degré de développement s'accompagne d'agitation sociale, de délinquance juvénile, de crime organisé.  Parler de « mal nécessaire » est alors commode. Malgré tout leur développement, les pays occidentaux ont souvent une humeur nationale dépressive, des taux élevés de suicides, d'alcoolisme, de dépendances, d'éclatement de la famille, dont le coût psychologique, économique et social est immense. La plupart d'entre eux ont connu un sévère déclin démographique, et leurs valeurs spirituelles et morales s'érodent depuis les années 1960. La culture « post-moderne » est souvent un euphémisme pour un certain nihilisme. Pas unihilisme de révolte, mais un nouveau nihilisme diagnostiqué par Gille Lipowetsky dans l'Ere du vide : « L'universel, la raison, la révolution sont remplacés par l'indifférence de masse, l'hédonisme, l'apathie : c'est le vide, sans tragique ni apocalypse, qui nous régit désormais. »

Enfin, le vrai développement devrait faire des émules. L'Union européenne y réussit en partie : les nouveaux-venus comblent leur retard : Espagne, Portugal, Irlande, puis les pays de l'Est). En Extrême-Orient, le Japon eut un effet d'entraînement sur les « tigres ». Mais les Etats-Unis et le Canada très développés peinent à créer un partenariat panaméricain avec l'Amérique centrale et du Sud. L'enrichissement actuel de la Russie a pour seul effet contagieux de renforcer le despotisme éclairé de certains se ses anciens satellites. Le Moyen-Orient et l'Afrique manquent encore d'un modèle contagieux de réussite.

Les trois volets du développement humain

Le développement de l'être humain : anthropologie, embryologie, psychologie génétique

Le développement de l'être humain est une branche de l'anthropologie, science qui étudie l'espèce appelée homo sapiens sapiens. Le développement humain est la croissance graduelle de la nature humaine vers la maturité. Tout être vivant se développe et croît, mais le développment est différent, car il comporte les deux dimensions de l'esprit et du corps. Concernant la dimension physique du développement humain, l'embryologie étudie la vie du fœtus, de la conception à la naissance. La biologie du développement se concentre sur les questions de santé, de longévité et de vieillissement.

Diverses disciplines étudient le développement mental. Jean Piaget étudia l'acquisition de la connaissance, jetant les bases de la psychologie cognitive ou génétique. Pionnier du « développement psycho-social », Erik Erikson identifia huit stades de développement psychique de la naissance à la mort. Après des débuts en psychologie du développement, Lawrence Kohlberg créa une autre discipline, chargée d'étudier les étapes du développement moral et l'évolution du raisonnement moral. Enfin, James Fowler a étudié le développement spirituel. Appliquant les outils de la psychologie du développement à la vie religieuse, il a parlé d'étapes graduelles dans la foi. Toutes ces disciplines essaient de comprendre les lois régissant la croissance de l'esprit humain. Les êtres humains sont des êtres de conscience, de liberté et de responsabilité. Une personne hautement développée est donc une personne au caractère mûr, qui est le créateur responsable de sa destinée individuelle.
 
Dans le développement de l'être humain, la conscience est le principal acteur de la croissance, et le principal juge pour évaluer si la vie de l'individu s'épanouit. L'éducation vise essentiellement à rendre le moi conscient et consciencieux. La personne développée ne peut se limiter à reproduire la connaissance et la morale de ses ancêtres par l'imitation et en apprenant par coeur. Elle doit viser une complète autonomie spirituelle, intellectuel et morale.

En cas d'échec, l'individu sera en guerre avec lui-même et porté à la destruction. Le premier conflit est le conflit en soi-même, entre ce que l'on devrait être et ce que l'on est, entre l'image de soi idéal, et la réalité. Johan Galtung souligna en 1969, lors d'un voyage en Inde  : « Tout tourne autour de l'individu, finalement. La libération de l'individu de tout ce qui aliène son accomplissement personnel, tel devrait être le premier champ des études de paix. L'étude de la paix devient la science de l'accomplissement humain. »

Accomplissement humain : une réalité diversement nommée. Gary Becker parle de « capital humain », notion dont l'étude lui a valu le Prix Nobel d'économie en 1992 :

Le capital humain regroupe tout ce qui est talents, éducation, santé, formation des individus. C'est un capital car ces Ldons ou l'éducation font partie intégrante de la personne et sont durables. la richesse des pays avancés, c'est à 80% du capital humain – éducation, formation continue, santé. Les prouesses du Japon, de Taiwan, de Hong Kong, de Corée du Sud, en illustrent l'importance. Leur croissance rapide vient en grande partie d'une force de travail bien formée, bien-éduqué, et diligente, et du dévouement des parents. Avant la Guerre de Corée, le Nord était la partie la plus riche de la péninsule. Aujourd'hui, la Corée du Nord est en plein désastre, alors que la Corée du Sud est une nation prospère, démocratique. Tous les tigres asiatiques ont un haut niveau d'éducation. Vous ne pouvez pas croître sans un puissant capital humain. La réussite dépend de la façon dont une nation utilise son peuple.

Le développement par les êtres humains

Le développement de l'être humain est l'auto développement ou individual-isme. Comment peut-il aussi être un développement par et pour les êtres humains, un altruisme ? En politique, un contrat social (Hobbes, Rousseau) lie l'individu à l'Etat. L'individu devient un citoyen. Certains économistes ont de même essayé de mettre en évidence le contrat économique qui lie richesse individuelle et richesse collective. Pour Adam Smith, une main invisible était à l'œuvre dans les économies de libre-échange pour ajuster et harmoniser les intérêts individuels en compétition. La main invisible a nourri maintes spéculations. Gary Becker apporte ici encore ses lumières en soulignant le rôle de la famille. C'est en famille que le développement par les êtres humains facilite le développement des êtres humains :

D'où vient le capital humain ? Qu'est-ce qui constitue un investissement réussi de capital humain, que ce soit au niveau individuel ou national ? La famille est le fondement d'une société bonne et de la réussite économique. Pour comprendre le capital humain, il faut retourner à la famille, car ce sont les familles qui se préoccupent de leurs enfants et veulent promouvoir l'éducation de leurs enfants et les valeurs. Le familles sont les premiers fournisseurs de valeurs dans n'importe quelle société libre et même dans les sociétés sans trop de liberté.

L'être humain se développe en cultivant son capital humain, guidé principalement par sa conscience. Mais ce développement est aussi affaire d'émotions et de relations, d'entourage familial. Le développement par les êtres humains revient à un investissement affectif et moral des familles dans leurs enfants. En 2002, le Joint Centre for Poverty Research (JCPR) et la Irving B. Harris School of Public Policy de Chicago tinrent congrès sur ce sujet[9]. Un exposé suggérait que les parents travaillent au progrès de leurs enfants et au bien-être de la communauté en investissant dans les 5 « S »

 (a)sécurité/subsistance, (b) stimulation (c) support socio-émotionnel, (d) structure (e) surveillance.

 



29/04/2008
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