Le tourisme : un enjeu important pour le rêve africain

L'Afrique a de nombreux atouts touristiques et le tourisme peut être un des moteurs du rêve africain, pas seulement pour ses retombées économiques, mais parce qu'il peut favoriser la rencontre de l'autre, le respect, la découverte d'autres cultures. Toutefois, le tourisme peut aussi constituer un miroir aux alouettes et une illusion s'il est mal maîtrisé. Nous publions ici l'analyse du Dr Juan Federer, diplomate international, qui parle de ses propres observations faites en Océanie et en Asie depuis des années. Le tourisme de masse tel qu'il se développe aujourd'hui, entraîne malheureusement beaucoup d'effets secondaires néfastes. Les pays d'Afrique doivent en tenir compte s'ils veulent développer avec sagesse cette ressource. Nous publierons très prochainement deux autres analyses sur ce thème.

LE TOURISME EN AFRIQUE

Le tourisme est le fait de voyager dans, ou de parcourir pour son plaisir (pas pour y exercer une activité rémunéré), un lieu autre que celui où l'on vit habituellement. 

Le touriste s'intéresse généralement à la culture ou à la nature des lieux qu'il visite. Il visite des lieux où monuments historiques (bâtiments, œuvres d'art, expressions culturelles etc.) où il apprécie la nature (les paysages, le climat, la faune, la flore).

Le tourisme, jadis un privilège pour les gens fortunées, est devenu une activité de masse ; une industrie de services très importante à niveau mondial. Ses retombées économiques peuvent être donc considérables. En tant que industrie de services, elle est aussi une source importante d'emploi.

Il est donc logique qu'une région qui vise à renforcer son économie et qui veut accroitre la prospérité de ses populations soit intéressé à développer ses activités d'accueil touristique.  Ça parait très prometteur, surtout si cette région possède des attraits culturels et naturels importants, un secteur économique de services peu développe, et un taux de chômage élevé.  

C'est donc logique de penser au développement de l'industrie touristique en Afrique.

Malheureusement, ne vivant pas dans un monde idéal, les attentes envers les bénéfices apportés par le tourisme ne sont toujours pas entièrement satisfaites. La réalité est souvent bien différente.

Par manque d'expérience directe, je ne peux pas trop parler de l'Afrique. Je ne suis pas non plus un expert dans le domaine touristique, même si j'ai travaillé dedans dans les premières années de ma vie professionnelle. Mais, depuis environs 45 ans j'ai pu observer le développement de l'activité touristique dans certains lieux très connus du monde, qui, comme l'Afrique paraissaient très doués pour bénéficier d'un fort essor du tourisme. Je parle de Tahiti et ses îles, que j'ai visité régulièrement depuis 1963 jusqu'à il y a dix ans, et Bali. Vivant en Indonésie pendant 15 ans, j'y avais même une petite maison de vacances. Des nombreux voyages répétitifs a plusieurs endroits dits « touristiques » dans le monde m'ont aussi permis de suivre un peu l'évolution de leur industrie du tourisme et ses retombées.

En général, je dois dire que je suis assez prudent pour exalter les bénéfices apportés par un développement touristique massif pour les pays d'accueil pauvres. S'il y a un grand décalage économique entre les pays d'envoi et les pays d'accueil touristique, un fort flux touristique des premiers aux deuxièmes peut s'avérer peut convenable pour les deuxièmes, même s'ils bénéficient fortement les acteurs économiques des premiers. Dans ces conditions, le tourisme peut accroître encore plus le décalage économique entre les deux.

Je suis certain que nous sommes plus au moins d'accord sur ce que je veux dire par ceci ;

Je m'explique :

-        Besoin de forts investissements de capitaux dans le tourisme de masse. Ces capitaux proviennent des sources étrangères. Leurs rendements vont à ces sources.

-         Activités de services très complexes pour générer et maitriser le flux massif de touristes (marketing, transports, logistique). Nécessitent compétences et réseaux dans les pays d'origine. Peu de participation des originaires des pays d'accueil.

-         Les participants dans le tourisme massif généralement ne portent pas un intérêt très profond aux attractions du pays d'accueil. Leur motivation est plutôt superficielle, ce qui ne permet pas de mettre vraiment en valeur les aspects humains du pays. 

-         Ces touristes préfèrent de dupliquer dans le pays d'accueil la majorité des conditions de vie aux quelles ils sont habitués. Ceci entraine la création de milieux assez artificiels, avec des retombées négatives sur les mœurs et la culture de la population locale.

-         Pire encore, souvent ces touristes s'attendent à trouver dans le pays d'accueil des activités qui les seront difficiles à trouver chez eux et qui l'décalage économique existant par apport à la population locale rend possible. Par exemple : tourisme sexuel, excès de hédonisme, etc.

-         Le tourisme est très sensible à la stabilité et sécurité dans les pays d'accueil ainsi que dans les pays d'envoi. Une crise politique où autre événement qui menace la stabilité où sécurité peuvent avoir des conséquences catastrophiques sur l'industrie touristique (voir Bali 2002, Sri Lanka, Fiji, Kenya). Egalement des événements négatifs dans les pays d'envoi peuvent répercuter sur le tourisme de manière hors du contrôle du pays d'accueil (crise économique, dévaluation de monnaie etc.- voir Argentine années 2000, US maintenant, Japon, Israël ). 

Dans le cas de l'Afrique, je serai donc plus incliné à suggérer un développement graduel, visant surtout à des pays d'envoi avec les quels le décalage économique où culturel n'est pas trop extrême. C'est-à-dire, de promouvoir le tourisme interafricain. Quant au tourisme originaire des pays du nord, ça devrait être un tourisme bien spécifique, pas un tourisme massif, même si celui-ci se développera plus lentement.  

 



17/02/2008
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