Le développement humain et l'Afrique (deuxième partie)
Le développement humain et l'Afrique (deuxième partie)
L'ONU et les agences internationales eurent des certitudes sur le développement pendant tant d'années. Ils ont révisé leur attitude en voyant le travail des ONG au plan microéconomique, directement avec les gens simples, dont ils faisaient les acteurs du changement. De plus, les ONG ont, davantage que l'ONU, bâti des projets qui incorporaient les travaux d'anthropologues ou d'ethnologues indigènes. La dimension humaine du développement en fut renforcée :
Le développement humain est plus que la hausse des revenus nationaux, et bien plus que la croissance économique, lesquels ne sont que des moyens d'élargir les choix de tous. Il s'agit de créer un environnement dans lequel les gens peuvent développer pleinement leur potentiel et mener des vies créatives. Le peuple est la vraie richesse d'un pays. Développer, c'est surtout accroître les choix qu'ont les gens de mener les vies qui leur sont chères. Comme disait Aristote : « La richesse n'est pas le bien suprême que nous cherchons. Elle est simplement utile, et a une autre fin qu'elle-même. »
Le développement sera alors surtout perçu comme un effort pour aider les gens à s'assumer : connaître son intérêt, affirmer ses droits, développer sa capacité d'argumenter, de se promouvoir, de défendre son style de vie, sa catégorie, son avantage compétitif. Ce type de développement agressif s'imposera aux pays du tiers-monde désireux de s'en sortir. Un certain degré de déshumanisation sera vu comme le prix du développement. Les Etats seront sommés de se réformer, sans fin. Or aucune réforme ne peut se faire sans une metanoia, une conversion qui touche le coeur des gens.
Développement Global, nature humaine et paix durable
L'ONU commença avec un noble rêve de paix durable, fondée sur la charte de la déclaration des droits de l'homme. Mais sa mission démarra en pleine guerre froide. De plus, contrainte de miser d'abord sur les Etats-nations, l'ONU privilégia l'économie politique du développement. Continuer sur cette lancée serait tenir la paix réelle éloignée. Nous n'aurions qu'une sécurité instable lourde de menaces, et un développement déséquilibré aux effets secondaires.
La Fédération pour la paix universelle voit en la paix plus que la sécurité. La paix est coopération, et concorde. A cette fin, la FPU mobilise les ressources universelles de l'humanité, au-delà des frontières ethniques, nationales et religieuses. Avec cette vision, la FPU préconise un développement global, tant comme cadre conceptuel que comme base de ses « initiatives de paix » sur le terrain. Que signifie « global » ?
Le développement complet de l'être humain
Le premier but de la vie est de se réaliser personnellement. « Le caractère est la destinée », disait Héraclite : notre sort reflète qui nous sommes. Se développement, c'est tendre vers la maturité du caractère. Celle-ci se définit souvent par des vertus : justice, courage, sagesse, modération. Pour la FPU, le noyau du bon caractère est le coeur, l'élan émotionnel de chercher la joie en aimant. Quand le coeur humain croît en donnant et en recevant de l'amour, la personne incarne les vertus. Seule une stimulation joyeuse motive les jeunes à chérir le bien. La FPU mène des recherches dans le monde entier pour prôner une éducation morale universelle, harmonisant les valeurs traditionnelles et modernes, les valeurs d'Orient et d'Occident, les valeurs spirituelles et matérielles. La FPU croit à l'apprentissage par l'expérience : la formation du caractère est plus efficace quand le sujet fait les bons choix dans les situations de la vie réelle, puis réfléchit sur lui-même avec ses pairs et ses mentors. La FPU a élaboré un enseignement complet pour divers groupes d'âge et fait des recherches nombreuse sur la formation du caractère.
· Le deuxième but de la vie est de connaître l'amour et la joie dans les rapports avec autrui. Le développement par les êtres humains a lieu d'abord en famille ; nous y apprenons à aimer comme enfants, comme frères et sœurs, comme conjoints et comme parents. Là encore, la FPU a un certain savoir-faire ; elle offre un tableau complet de la dynamique familiale et de l'éthique familiale et a une expérience singulière dans son travail pionnier sur le mariage international et inter religieux. En outre, en définissant la famille comme école de l'amour, la FPU montre comment l'amour pour la famille s'élargit en amour patriotique et amour pour le monde. La FPU est un consultant respecté sur les valeurs familiales pour les dirigeants religieux, les universitaires, les gouvernements et les organisations internationales.
· Le troisième but de la vie est de mettre ses talents au service de la collectivité. C'est le développement pour les êtres humains. Cela recoupe en grande partie notre occupation professionnelle, mais pas seulement. Les études prennent de longues années, puis on progresse dans la carrière de sa spécialité. Toute personne aspire à mettre sa créativité au service de la collectivité et en recevoir une reconnaissance. La créativité signifie la maîtrise de l'homme sur toutes les choses ; cela inclut le don d'invention, puis l'ingéniosité pour traduire ses inventions dans le monde réel. La modernisation fait du troisième but de la vie une priorité : la plupart des gens associent le sens de leur vie à leur carrière, à ce qu'ils font dans la vie, à leur fonction technique et professionnelle dans la société. Dans les sociétés développées, toutes les professions sont hautement organisées, faisant appel à beaucoup de technologie et de pouvoir financier. L'incitation à se former sans cesse et s'améliorer professionnellement est forte et stressante. Ici, l'attention de la FPU porte surtout sur la bonne gouvernance. La bonne gouvernance a un aspect technique ou extérieur ; on peut toujours aller vers une gestion plus rationnelle, mieux organisée, plus efficace. Mais il y a aussi une composante intérieure : créer des valeurs spirituelles et du mieux-être. Cela passe par la capacité des dirigeants à être exemplaires. La FPU affirme que les personnes de caractère mûr et ayant une forte éthique familiale sont les plus qualifiées pour des positions de dirigeants.
Définir la valeur de la personne épanouie
Aujourd'hui, nous sommes en panne de modèles universels, incarnant la personne pleinement développée. La FPU parle de trois titres majeurs, ou trois capacités qui s'adressent à tous.
D'abord, chacun doit tendre vers le titre d'enseignant. Le pouvoir de l'enseignant est l'autorité, donnée par la sagesse. Sans être tous enseignants par profession, nous pouvons cultiver la sagesse. Le sens commun et l'expérience peuvent guider la sagesse mais son origine est la conscience. La sagesse est une pensée non-partisane émanant de la conscience pour une action juste et responsable. En outre, la sagesse n'enseigne à autrui que ce que l'on a soi-même déjà incarné. La vraie maîtrise est de se dominer soi-même avant de régler des situations. Dans maintes situations, une figure d'autorité va émerger, dont les pensées et agissement sont les plus sages. Toute communauté est désireuse de consulter de telles figures qui enseignent par l'exemple. En Afrique, Nelson Mandela a été un enseignant pour l'Afrique du Sud et pour le continent africain. Mais toute collectivité, même modeste, doit susciter des figures d'enseignant répandant la sagesse autour d'eux par l'autorité de leur vécu.
Troisième titre : le créateur. Créer, c'est maîtriser les choses. La créativité comprend la capacité d'invention et l'ingéniosité technique. Sans être tous des créateurs géniaux, nous devons tous développer nos talents. La créativité doit être tournée vers les valeurs de vérité, beauté et bonté au service de l'ensemble.
L'être humain pleinement épanoui est enseignant, parent et créateur. La société pleinement développé ou société idéale qui lui correspond maintient en équilibre les trois capacités d'autorité magistrale, de puissance parentale et de maîtrise créative. L'illusion de l'économie politique était de croire que le développement technique à lui seul déboucherait sur la société idéale où l'être humain s'est rendu maître de l'environnement.
La société idéale est une société où les enseignants, les parents et les créateurs s'unissent dans une vision harmonieuse du rêve collectif. Cette société équilibrera le respect des traditions passées, l'attention au présent et la vision du futur. La FPU appelle la société hautement développée ou idéale une société de valeurs universellement partagées, d'interdépendance et de prospérité mutuelle.
Travailler pour la famille globale de l'humanité
Le deuxième cercle de l'axe horizontal est donc l'amour patriotique ouvert, sans chauvinisme nationaliste. Encore au-delà, certains sont appelés à servir le monde, se montrant philanthropes durablement, ou à certains moments de leur vie. La FPU voit en la sainteté une extension naturelle du patriotisme. Encore au-delà de la sainteté, l'être humain doit montrer sa loyauté envers le Ciel. Dans une perspective spirituelle du développement humain, le propre de la nature humaine en effet, est de vouloir vivre non seulement pour sa famille, sa nation et le monde, mais pour Dieu.
Si l'ascension verticale signifie postuler aux titres d'enseignant, de parent et de créateur, l'expansion horizontale implique une piété filiale pour notre famille, un patriotisme pour notre nation, une sainteté pour le monde et de devenir des fils et filles de Dieu pour le Ciel.
Cela pose la question de la mondialisation. Celle-ci peut être vue comme un aboutissement du développement humain, qui doit rapprocher l'humanité du modèle d'une seule famille en Dieu. Les deux axes vertical et horizontal du développement peuvent se conjuguer si nous avons cette optique. La mondialisation est d'abord extérieure, dans l'économie et la politique, entraînant une interdépendance accrue des choses et des biens. Mais la mondialisation offre surtout une opportunité spirituelle et moral pour plus d'amour : l'interdépendance des hommes dans le Bien. Autrement dit, ce qui est en jeu n'est pas juste la libre circulation des marchandises : l'occasion se présente pour tous de vivre pour leur famille, pour leur nation, pour le monde et pour le Ciel, sans restrictions.
La vie pour les autres, ou l'attitude « vivre pour » doit guider notre expansion horizontale. Tout d'abord, chaque être humain doit être bien né, dans une famille nucléaire stable, qui nous accueille dans la grande famille humaine. Vivre pour les autres signifie d'abord se qualifier dans l'art d'aimer ses parents, ses frères et sœurs, plus tard son conjoint et ses enfants et petits-enfants. La famille n'est pas une fin en soi toutefois. Nid d'amour protecteur, la famille est aussi une école de citoyenneté. La bonne famille fera de ses enfants de bons citoyens pour leur communauté et de bons patriotes pour leur nation. Vivre pour les autres s'applique aussi à l'Etat. Une fois élu, le Président Kennedy déclara : « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous—demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. Mes chers citoyens du monde : ne demandez pas ce que l'Amérique fera pour vous mais ce qu'ensemble nous pouvons faire pour la liberté de l'homme. Enfin, si vous êtes citoyens de d'Amérique ou citoyens du monde, demandez-nous les mêmes niveaux élevés de force et de sacrifice que nous vous demandons. »
FIN