Lydie Pace, voix de rêve du Centrafrique

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Lydie : puissance et grâce, intelligence et émotion: une artiste entière (Sa robe est une création de sa soeur)

Lydie Pace, cantatrice soprano. Elle chante Puccini, Verdi, Bizet ... et l'hymne du Centrafrique, avec émotion et ferveur. C'est que Lydie a pour signe particulier, dans le milieu de l'art lyrique, d'être née à Bangui, au cœur même du continent africain. Et on devine son émotion, en ce soir du 6 décembre 2008, d'avoir pu offrir un aperçu de ses talents à ses compatriotes réunis pour un bal à Châtillon, afin de célébrer les 50 ans de la République Centrafricaine.

« Soyons toujours fiers de notre patrie, dit-elle sobrement. » Et elle s'incline avec un grand respect en saluant ses parents, Théodore et Elisabeth, tout au fond de la salle

Comment devient-on Lydie Pace, cantatrice ? Comment devient-on la fierté de ses parents, de ses compatriotes, en excellant dans un art si codifié par la culture occidentale ?

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Comment a-t-elle pu réaliser ce rêve, cet impossible rêve, que bien peu de petites filles en Afrique, doivent avoir ? Elle va peut-être nous aider à comprendre la genèse, le travail qui l'ont amenée à avoir aujourd'hui cette voix envoûtante, qui passe du genre tragique à des genres plus légers avec une grande maîtrise de la gestuelle lyrique et des nuances propres à son art.

Comment va-t-on puiser au plus profond de soi-même, transcender sa vie ordinaire pour incarner des émotions, des attitudes, des poses que les plus grands musiciens ont imaginées afin de magnifier l'univers féminin ? Et comment redescend-on sur terre après avoir donné tout son corps et toute son âme ? Cela tombe bien, voici Lydie qui s'approche de nous dans sa robe rouge magnifique.

« Ma sœur Chantal l'a dessinée pour moi. Elle aussi est une artiste, mais plutôt dans la mode » dit Lydie en souriant d'un air radieux. Elle serre la main avec franchise après avoir rangé l'éventail qu'elle tenait quelques minutes plus tôt pour chanter le célèbre air de Carmen. Nous la laissons s'asseoir et reprendre son souffle ; de nombreux admirateurs se pressent pour la féliciter, l'embrasser, prendre une photo de la « diva ». Lydie est désarmante de gentillesse et de simplicité, elle est naturelle et attentive à chacun.

Avant de lui poser des questions, nous avons déjà fait notre petite enquête auprès de ses parents. Le secret du rêve de Lydie est-il à chercher dans sa famille ? Elisabeth, la Maman est la plus volubile pour nous aider à lever un coin du voile. Mais la figure de son papa apparaît aussi dans quelques tournants de la vie de Lydie.

« A mon retour des États-Unis, explique Théodore Lamine, j'ai ramené une fois des tenues de ballet pour nos filles qui étaient encore petites. Elles étaient ravies, mais je crois que ça a surtout fait de l'effet sur Lydie.

      Mon mari était ministre de l'Intérieur à Bangui, et moi j'étais à la sécurité sociale. Nous nous sommes mariés très jeunes et avons eu 7 enfants. Nous ne sommes pas des artistes, si c'est ce que vous voulez savoir. Du côté de mon mari, il y a eu des ministres et des gens importants dans les différents gouvernements. Et puis, on est venus en France, on s'est établis dans l'Oise, en région parisienne, et maintenant en Saône et Loire.

     << Bon, d'accord, mais Lydie alors ? >>

La maman me dévisage, comme pour se demander si ça vaut bien la peine de lever un coin du voile sur le lien secret et magique qui l'unit à sa fille. En pesant chaque mot tout en me regardant droit dans les yeux, Elisabeth lève un coin du mystère :

« Avant que je meure, je veux te voir chanter, je veux voir ce qui est caché au fond de toi. Voilà ce que j'ai dit à Lydie »

Puis la Maman prend un ton plus léger, comme si elle en avait déjà trop dit.

« Lydie a toujours voulu être sur les planches. Elle adorait imiter les chanteurs, faire la comédie, jouer un rôle. Ma fille adore qu'on la regarde et qu'on l'écoute. Moi, je l'ai poussée à chanter, et donc à travailler sa voix. Il faut beaucoup de travail, et ça, tout le mérite en revient à Lydie et à elle seule. Les parents peuvent vouloir quelque chose pour leurs enfants, mais on ne peut jamais vouloir quelque chose que l'enfant n'aime pas. Nous avons seulement voulu aider nos enfants à réaliser leurs rêves, pas les nôtres. »

Les parents ont différentes affaires, en France comme à Bangui. « On a créé la fondation Lamine à Bangui, qui va du primaire au BTS. Maintenant, notre rêve à nous, c'est notre chalet en pleine nature, au Centrafrique », dit la mère et le papa plisse des yeux pour approuver.

Avec Lydie Pace, nous découvrons un bel exemple de "rêve africain" dans un domaine difficile.

La trajectoire de Lydie est avant tout celle d'une femme à la forte personnalité, douée d'un caractère ambitieux et travailleur, mais très uni à ses parents, à ses formateurs, et capable à son tour de former et d'enseigner. Sa réussite illustre l'importance du milieu familial, et elle-même est aujourd'hui la mère de cinq enfants. Enfin, sa créativité s'est exprimée dans une des formes d'art les plus exigeantes au plan technique et artistique. L'art lyrique demande en effet d'être un athlète complet de la scène où tout le corps doit porter la voix et surtout l'âme du chanteur pour élever le public.

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Plusieurs sites vous aideront à découvrir Lydie Pace et entendre sa voix


www.maziki.net/artistes/pace.htm

http://freenet-homepage.de/beafrika3/Rosaps/psphotos/lydie_pace2.pdf


http://www.strimoo.com/video/12730667/Lydie-PACESoprano-Dramatique-Dailymotion.html


Pour aller plus loin

D'autres artistes lyriques du continent africain

Pour des raisons évidentes, l'Afrique du Sud a une longue tradition de musique classique et d'art lyrique et certains de ses artistes ont un renom international, comme Johan Botha ou Sibongile Khumalo.

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          Johan Botha                            Sibongile Khumalo                        

Sur le reste du continent africain, l'art lyrique est balbutiant mais quelques individualités ont eu des percées remarquables. Ainsi Margaret Ferguson, née au Ghana, est une artiste lyrique soprano. Son itinéraire a des similitudes avec celui de Lydie Pace. Surnommée Africa's lady of song (la dame du chant de l'Afrique), Margaret Ferguson a un répertoire varié : opéra, oratorio, comédies musicales, jazz, Gospel. Se produisant surtout en Europe occidentale, elle a aussi sa propre école au Ghana et parraine de nombreux projets humanitaires (www.africansoprano.com)

      
Margaret Ferguson - Africa's Lady of Song

Création à Paris de Bintou Wéré, le premier opéra africain.

Le directeur du Théâtre du Châtelet à Paris, Jean-Luc Choplin, s'était déjà réjoui de pouvoir accueillir "le premier opéra africain", les 25, 26 et 27 octobre, en présentant à la presse au printemps dernier la saison 2007/2008 de son institution.

L'évènement rassemble de grands noms de la culture africaine dont le compositeur Zé Manel Fortes (Guinée-Bissau), les chanteurs Wasis Diop (Sénégal) et Abdoulaye Diabaté (Mali), la styliste-costumière sénégalaise Oumou Sy ainsi que la chorégraphe franco-sénégalaise Germaine Acogny.

Le personnage-titre de Bintou Wéré est une jeune femme qui « prend la tête d'une expédition de jeunes Africains déterminés à franchir les murs séparant le Sahel de l'Europe .

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Cet opéra, en deux actes, "a rassemblé trois générations de chanteurs sahéliens de six pays: griots traditionnels, chasseurs, musiciens modernes, jeunes stars de pop. La première mondiale de l'opéra du sahel était initialement prévue pour juin 2006 à Bamako, mais elle a été reportée de plusieurs mois à la suite du décès de Michel Mavros, co-fondateur avec Oumou Sy du centre Metissacana qui co-organise l'évènement.

"Il y a déjà eu des théâtres musicaux, des ballets ou des films inspirés d'opéras, mais c'est une première dans le genre" en Afrique, avait déclaré M. Mavros à l'AFP en mars 2006. Il est décédé en octobre.



11/12/2008
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