Que reste-t-il de l'héritage de Barthélémy Boganda ?
CINQUANTENAIRE DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Pour approfondir la réflexion sur Barthélémy Boganda, nous vous proposons deux textes prononcés le jeudi 4 décembre, par MM. Clotaire Saulet Surungba, et Jean-Pierre Mara.
01 Décembre 1958 - 01 Décembre 2008
1. QUE RESTE-T-IL DE L'HERITAGE DE Barthélemy BOGANDA ?
Par M. Clotaire SAULET SURUNGBA
« Libérer l'Afrique et les Africains de la servitude et de la misère, telle est ma raison d'être et le sens de mon existence » telle a été la profession de foi de Barthélemy Boganda. Pour cette fin, il avait créé le Mouvement de l'Evolution Sociale de l'Afrique Noire (MESAN), doté d'un organe de presse, Terre Africaine.
Pionnier de l'unité africaine, Barthélemy Boganda, à travers le MESAN et ses cinq verbes (se nourrir, se soigner, se vêtir, se loger, s'instruire) voulait, d'une part, induire l'émancipation des populations oubanguiennes et d'autre part, participer à l'émergence d'une Afrique centrale unie, prélude à une Afrique noire forte et prospère.
Ce grand projet politique, économique et social qui devait conduire à l'avènement des Etats-Unis d'Afrique Latine n'avait pas pu connaître un aboutissement heureux.
En effet, Barthélemy Boganda avait été contraint de proclamer la constitution d'une République centrafricaine, limitée au seul territoire de l'Oubangui-Chari, le 1er Décembre 1958. Aussi et surtout, il n'avait pas eu le privilège de vivre la proclamation de l'indépendance du 13 août 1960.
Cependant, au lendemain de la tragique journée du 29 mars 1959, Boganda aura laissé en héritage :
-un pays, l'actuel Centrafrique,
- avec un hymne national (la Renaissance),
- une devise (unité, dignité, travail),
-un drapeau étoilé (bleu, blanc, vert, jaune, rouge) et
- la semence du panafricanisme.
Que reste-t-il de cet héritage ?
J'avoue d'emblée n'être pas en mesure d'apporter toute la réponse à cette interrogation qui, au demeurant, nous interpelle tous. Par patriotisme et avec réalisme, je vais tenter, en fonction de mon vécu, de fournir quelques éléments de réponse à ce questionnement qui constitue le thème de mon intervention, préalable au débat de ce soir.
Que reste-t-il de l'héritage de Barthélemy Boganda à l'occasion du jubilé de la République Centrafricaine ?
Le 28 août 1963, le pasteur Martin Luther King avait mené à Washington, la marche de protestation contre les discriminations raciales et la reconnaissance de l'égalité des droits civiques. Quarante et cinq ans plus tard, un noir est président des Etats-Unis d'Amérique et le Pasteur Martin Luther King, s'il était vivant, devait être fier de l'élection de Barack Obama.
Qu'adviendrait-il du président fondateur de la République centrafricaine, indépendante depuis quarante et huit ans?
Je peux dire sans me tromper que Barthélemy Boganda, s'il était vivant, n'éprouverait pas cette fierté du pasteur King. Et je peux encore affirmer sans me tromper, que Barthélemy Boganda, visionnaire, avait prédit ce que nous vivons aujourd'hui.
« Si l'Oubangui accédait de façon isolée à l'indépendance, ce serait une catastrophe » avait-il averti.
Alors que les afro-américains, en cette année 2008, sont en train de savourer la victoire de la lutte pour l'égalité des droits civiques, les centrafricaines et centrafricains en sont encore à la recherche de la paix, de la stabilité et de l'unité qui semblent introuvables.
Du Séminaire National de Réflexion du début des années 80 au Dialogue National de 2003 en passant par le Grand Débat National de 1992 et la Conférence de Réconciliation Nationale de 1998, il est fort à parier que même le Dialogue Politique Inclusif dont les travaux doivent s'ouvrir demain 5 décembre à Bangui, ne pourra pas mettre un terme à cette interminable errance que connaît le pays depuis le 29 Mars 1959.
La République centrafricaine, le « berceau des bantou », est devenue la terre des braqueurs, des coupeurs de route ou zaraguina, des braconniers, des rebelles armés et même des forces étrangères, telles que l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) ougandaise, opèrent en toute impunité…Elle n'est plus cette Suisse africaine.
Serait-il erroné d'affirmer que les fondements de l'Unité nationale ont été soumis à rude épreuve par le tribalisme, le clanisme et le régionalisme dans le Centrafrique d'aujourd'hui? En considérant la gestion du pays depuis 1981 et surtout la décade qui a suivi l'alternance politique de 1993 ainsi que la fin de la Transition consensuelle de 2003, il y a lieu de faire ce constat amer du développement d'un « repli identitaire» au niveau des centrafricains, unis pourtant par l'usage commun de la langue Sango.
Que reste-t-il de la «Dignité», deuxième mot de notre devise ?
Barthélemy Boganda, en tant que président du Grand Conseil de l'Afrique Equatoriale Française, siégeait à Brazzaville au Congo. De ce fait, il honorait non seulement son Bobangui natal, mais tout l'Oubangui-Chari. Comment ne pas avoir un sentiment de fierté pour cet homme, premier prêtre oubanguien qui a tombé la soutane pour s'engager en politique et dont l'exemple a été suivi au Congo par l'Abbé Fulbert Youlou? Pour l'historien Pierre Kalck, Boganda était le plus prestigieux et le plus compétent des hommes politiques équatoriaux.
La dignité centrafricaine n'est-elle pas écornée quand les hommes politiques doivent nécessairement, en cas de conflit, solliciter une médiation étrangère ou se transporter -non pas à leurs frais- dans une capitale africaine pour le règlement des différends ?
Où est la dignité quand un chef d'état « démocratiquement élu » fait appel à des forces étrangères non –conventionnelles pour venir voler, violer et tuer en terre centrafricaine, afin de sauver son fauteuil?
La centrafricaine ou le centrafricain, du plus grand au plus petit, dans la vie de tous les jours, fait-il toujours montre d'une certaine dignité ? La corruption qui est une véritable gangrène sociale nous permet de répondre par la négative quand bien même il serait inexact d'affirmer que tous les centrafricains sont corruptibles ou corrupteurs.
Où est la dignité si, en 1997, près de 67% de centrafricains vivent avec moins d'un dollar par jour et que 60% d'entre eux ne mangent pas à leur faim ? Où est encore cette dignité avec ce classement selon l'indice de développement humain du PNUD où la République centrafricaine a occupé le 168ème rang sur 173 pays en 2003 et le 172ème rang en 2006 ?
La pauvreté touche aujourd'hui, environ 75% de la population centrafricaine. C'est par le travail que les mille et une richesses du pays peuvent être mises en valeur. Ce n'est que par le Travail opiniâtre que le Centrafricain peut conjuguer positivement les cinq verbes « se nourrir, se soigner, se vêtir, s'instruire et se loger ».
Bien que des actions du genre «Opération Bokassa», «Fête des moissons» ou le slogan «Kwa na Kwa» soient initiés pour valoriser le Travail, il se trouve paradoxalement que tous les ingrédients de la dépréciation du Travail soient quotidiennement au rendez-vous.
En effet, les paysans qui constituent la majorité des travailleurs n'arrivent pas à produire -pour certains- en raison de l'insécurité. Pour d'autres, il est difficile d'é- couler convenablement les productions, faute d'infrastructures routières adéquates. Ils ne profitent pas pleinement du fruit de leur travail ou ne peuvent pas travailler comme ils voudraient. Comme ces fonctionnaires, ces retraités ou ces étudiants qui accumulent des dizaines de mois d'arriérés de salaires, arriérés de pension ou de bourse. Ainsi, au lieu de travailler, bien des personnes n'hésitent pas à emprunter tous les raccourcis possibles et imaginables pour vivre ou survivre…
En définitive, les mots « unité, dignité, travail » qui constituent la devise du Centrafrique et qui définissent ce que j'ai l'habitude d'appeler « centrafricanité », ont, peu à peu, perdu tout ou partie de leur force.
Avec ces mots galvaudés, la mauvaise traduction en Sango de l'hymne national, la «Renaissance» et l'ubuesque aventure impériale de 1977, il y a lieu de dire que l'héritage de Boganda n'est pas tombé entre les mains de bons héritiers, à tous les niveaux de la population centrafricaine et surtout, au niveau des gouvernants.
Pionnier de l'Unité africaine, Boganda n'avait pas pu voir naître la grande République Centrafricaine qui devait englober les quatre Etats de l'Afrique Equatoriale Française (Congo, Gabon, Tchad et Oubangui-Chari), ni même les Etats-Unis d'Afrique latine.Toutefois, la semence du panafricanisme qu'il a laissée, a trouvé de la bonne terre. Car, en 1965, « le chef d'Etat ghanéen, Kwame Nkrumah, auteur d'un projet de gouvernement continental, proposait, en hommage à Boganda, Bangui comme capitale d'une Afrique unie ». (Cf. Barthélemy Boganda de Pierre Kalck, pp 205 et 206).
L'avènement de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) le 25 Mai 1963 et celui de l'Union africaine (UA) le 30 Décembre 2002, au delà des insuffisances opérationnelles ou organisationnelles, traduisent la justesse de la vision de Barthélemy Boganda dont la ligne de force a été la nécessaire et vitale « Unité africaine »
Note :
« Le panafricanisme se définit comme le mouvement politique et culturel qui considère l'Afrique, les Africains et les descendants d'Africains hors d'Afrique comme un seul ensemble visant à régénérer et unifier l'Afrique ainsi qu'à encourager un sentiment de solidarité entre les populations du monde africain. Le panafricanisme glorifie le passé de l'Afrique et inculque la fierté par les valeurs africaines. »
L’héritage
de Boganda
Une
République Centrafricaine dépouillée de tout fondement culturel et économique
par
Jean-Pierre MARA
« Il
est très instructif de surprendre les causeries des anciens à la veillée du
soir. Avec quelle amertume ils dépeignent aux enfants la servitude à laquelle
au nom de la civilisation, ils ont été soumis pendant plus d’un siècle et avec
quelle force ils inculquent à leur postérité la méfiance et la haine de
l’occupant » ..tels étaient quelques réflexions de Barthélémy
Boganda : Je vous demande 1 minute de silence en hommage au Président
Fondateur..
Un
héritage est un bien qui vient par voie de succession. Les expressions
qui conviennent au terme héritage sont Héritage culturel, vital, paternel,
maternel, héritage de coutumes, de croyances.
En général,
l’homme peut espérer un héritage, faire un héritage, gérer un héritage,
laisser un héritage, lorgner un héritage ou encore partager un héritage. Le
plus difficile consiste à préserver l’héritage. Et enfin l’acte politique consiste
à priver quelqu'un d'un héritage, ou encore se disputer un héritage.
Qu’avons
nous réellement hérité de Barthélémy Boganda ? C’est quoi République
Centrafricaine. C’est qui un CENTRAFRICAIN ? Si vous posez la
question en Sängo la langue nationale « IRI TI KODRO TI MO NYEN » la
réponse sera forcément RCA ou encore BE-AFRICA (la traduction du mot
Centrafrique) ce qui prouve le manque d'expression SANGO du mot désignant le
pays.
Qu’avons-nous
retenu de sa compréhension de la « République Centrafricaine » ?
Qu’avons-nous
retenu du sens de son combat et du sens de son legs politique?
Pour éviter
l’amalgame dans la compréhension du legs « REPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE » , il est important de se référer aux explication du
président du MESAN et mentionner que l’humaniste et le visionnaire Barthélémy
Boganda fut un fervent partisan de la thèse du regroupement des territoires de
l'ancienne A.E.F. Il pensait que l’union des peuples africains les plus voisins
devait avoir lieu sous le double signe de la culture latine et chrétienne et
sous la forme d’Etats unis d'Afrique latine liés à l'Occident.
Mais les
Africains de l’époque n’étaient pas différents de ceux aujourd’hui. (j’ouvre
une parenthèse : Nos contemporains n’aiment pas les idées novatrices. Ils
ne sont animés que par l’esprit de destruction d’idée proposée par les autres.
Le SONGI SONGI « LO YE TI FA NYEN » est très profond
dans le Centrafricain. Si c’est un Etranger qui propose une solution, c’est
bon. Mais si c’est le compatriote, alors il faut surtout tout faire pour
bloquer son initiative. Bloquer, Contrecarrer, etc… c’est la triste
réalité du Centrafricain aujourd’hui. Je referme la parenthèse)
BOGANDA a
affronté cette triste réalité face aux autres indépendantistes de l’époque.
Tandis que le colonisateur Français avait pour ambition l’assimilation et
l’exploitation, lui, porta l’accent sur le rassemblement régional. Mais sa
démarche fut torpillée par les autres leaders qui ne voyaient aucun intérêt
personnel dans l’idée de la construction d’une « République Centrafricaine
» telle que lui, la comprenait. Chacun voulait faire aboutir sa propre
idée.
Le travail
en équipe pour l’avenir d’une grande Entité appelé REPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE va échouer. Ce travail de construction d’une entité forte
et unie en Etats-Unis de l’Afrique Latine va être farouchement combattu
par ses paires, ceux là même qui en sa présence lui disait « OUI,
OUI » mais dès que BOGANDA les quittait eh bien se donnait pour mission de
le faire échouer. Il était combattu par le colon mais aussi par les Africains
eux-mêmes : Pourquoi c’est lui, il faut tout faire pour que son initiative
échoue
C’est pour
cela que BOGANDA se contenta du différentiel de son idée initial pour
rebaptiser l’Oubangui-Chari en République Centrafricaine. Une stratégie
pensée pour la globalité de l’AEF se retrouva circonscrite sur un seul
territoire démuni de toute infrastructure, cadres locaux.
Alors et les
héritiers ? Que retenons-nous aujourd’hui de la REPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE ?
Tous les intervenants
n’ont pas côtoyé le Père-Fondateurs donc ils argumentent ici en thermes de
travail de réflexion et de recherche en recoupant les informations. Ceux qui
l’ont côtoyé ont aussi une autre version de la Vie de Boganda ainsi que des
circonstances de sa mort. La question centrale de mon intervention est celle de
savoir ce que les héritiers ont fait depuis lors.
Différentes
tentatives de rupture avec l’héritage de Boganda s’expriment dans trois actes
posés par les différents gouvernements depuis l’indépendance notamment :
Acte
1 : Dans un effort de traduire l’hymne nationale en SANGO, on s’est
retrouvé avec un texte ne reflète nullement le sens du texte initial écrit en
langue française
Acte
2 : furtive tentative des Chefs d’Etat de modifier le slogan qui figure
sur l’armoirie à savoir ZO KWE ZO ( Bokassa avec Zo a Yeke
Zo ; Kolingba avec So Zo La, etc)
Acte
3 : Une devise dépouillée de tout son sens :
Unité-Dignité-Travail : Que reste de cette devise ? L’intervenant
précédent a été très clair. Nous avons une Unité nationale maltraitée par les
effets pervers du tribalisme et du clanisme, une dignité de nom puisque faire
la politique rime à tentation, népotisme, corruption ; un manque de morale
dans le travail résumé par le fait qu’aujourd’hui on travail 4 h en RCA et ceci
depuis 20 ans
Nos efforts
doivent conduire à faire prendre à la nouvelle génération qu’elle n’est pas
différente de celle qui a dirigé le pays depuis l’indépendance. Nous
aurons compris que la génération de nos parents est une génération de non
tolérance, pas ouverte au dialogue et au progrès
Nous sommes
conscients que la génération qui a accompagné la RCA depuis l’indépendance vers
le cimentière ne va laisser aucun legs équivalent à celui de BOGANDA
puisque notre société n’a pas été doté de base économique et social pour
réaliser les rêves du Président-Fondateur.
Mais il n’y
a pas que les générations passées. Il y a aussi le désintérêt manifeste de la
nouvelle génération, quand on observe ce qui se passe aujourd’hui. En effet,
si nos ancêtres avaient eu ce comportement, nous ne serrions pas là aujourd’hui
en train de parler de l’indépendance. Nous serions tous restés esclaves. Nos
aînés ont pêchés par ignorance et par manque de structure et pour cela ils ont
une bonne excuse. Ils peuvent être pardonné par ce que Eux au moins peuvent
dire « Nous ne disposons pas des mêmes outils que vous, c’est à dire
Internet, Télévision, Avion, Voyage alors que vous êtes bien informés sur
l’Etat du monde »
Mais il y a
une consolation : parmi nous, il y a une minorité qui peut dire à la
génération précédente, celle qui nous a dirigés jusqu’aujourd’hui, qu’elle est
tournée vers la consommation du luxe et la nécessité de préserver les acquis
égoïstes et c’est pour cette raison qu’elle n’est pas arrivée à mettre
les bases d’un réel développement.
Pour combler
les manquements de nos parents, la jeunesse doit s’unir. On ne peut
imposer des avis que si on est fort. Et on est fort que si on est unis. La
génération de dirigeants post indépendance a échoué et nous ne voulons pas
faire les mêmes erreurs. Ils ne nous ont pas légué une structure politique qui
facilite un décollage politique et économique.
Cet échec se
lit dans le visage que pose la situation économique du pays ou les retraites de
ces anciens d’hier ne peuvent leur être assuré parce qu’ils n’ont pas laissé
les structures qui permettent de garantir ce travail.
Cette
génération de politicien a laissé une Ecole Centrafricaine qui fabrique des
candidats à l’émigration (on finit une formation sans perspective dans son
propre pays dont on repart à l’Etranger). L’Ecole Centrafricaine est en
déphasage avec les besoins immédiat du peuple Centrafricain en matière
agricole, artisanale, industrielle, commerciale pour ne citer que ces aspects)
Nous aurons
tant aimé qu’aujourd’hui à l’occasion de 50tenaire les générations de nos ainés
qui ont accompagné la RCA depuis l’indépendance comprennent que la nouvelle
génération refuse la fatalité qui a été leur mode de gestion et de
fonctionnement.
La jeunesse
Centrafricaine doit reprendre le combat dans le sens de la lutte de BOGANDA
tout en considérant que nous vivons un autre contexte. Nous devrions ce jour
briser la tyrannie que nous impose une classe dite des élites qui n’a rien
compris au sens de la lutte de Boganda.
Nous
devrions lutter pour un meilleur avenir dans le travail, l’ordre et la dignité,
nous battre pour reconquérir notre droit dans un vrai pays de droit contre
l’aliénation, la subordination, le clanisme, la politique de la main tendue, le
manque de dynamisme et enfin le manque de bâtisseurs.
Nous
devrions reprendre et brandir réellement l’étendard de notre patrie pour
sortir de la soumission que nous impose cette classe politique qui n’a pas pris
ses responsabilités Républicaines depuis le départ de notre colonisateur. Notre
lutte n’est plus contre un colonisateur mais contre des colons habillées de
peux noires avec qui nous ne pouvons plus nous identifier malgré que ce soient
nos pères ou nos grand-frères.
Pour cela
luttons d’abord pour bâtir la personnalité que cette classe politique a laissé
tomber au profit de la consommation du luxe. Pour cela nous aurons bien aimé
développer une vraie identité nationale. Permettez nous donc de remettre
en cause et dénoncer des politiques insensées mises en place depuis
l’indépendance basées sur le rejet des responsabilités sur d’autres notamment
uniquement sur le colon.
Refusons que
cette élite nous impose des guerres tribales qui n’ont pas lieu d’être. Nous
refusons les fatalités, et travail à une meilleure instruction de la femme,
celle-là même qui a solutions à tous les problèmes micro économiques. En effet,
sans les femmes et leurs esprits d’entreprise et d’économie parallèle, on ne
parlera plus de peuple, Centrafricain car la famine aura décimé tout le monde
car les retards de salaires sont comblés par ces femmes.
Pour cela,
nous devrions remettre en cause la notion de l’Etat, la notion de République
Centrafricaine, une notion que Boganda voulait dans un autre contexte régional.
Ayons le courage et l’honnêteté de dire que la notion de République
Centrafricaine ne reflète pas notre identité culturelle actuelle. Demandons au
peuple sa compréhension de la notion de la République et adaptons cette notion
pour enfin mettre fin aux multiples incompréhensions aux multiples conflits.
Jeunes
Wakodros, ayons le courage d’exiger un dialogue franc avec nos ainés afin
de nous permettre de sortir de l’aliénation ce qui nous permettra de vraiment
bâtir notre partie pour demain.
Beaucoup
d’entre nous sont sensibilisés à la problématique d'identité. Utilisez, cher
compatriote le concept provocateur de « OSER LES CHANGEMENTS EN AFRIQUE,
CAS DU CENRAFRIQUE ».
Unissons-nous
pour imposer nos chances de changement afin de pouvoir reprendre le flambeau
que BOGANDA nous a laissé non seulement pour combattre pour notre bien être
mais pour évoluer à l’instar des autres êtres humains de cette planète
Refusons la
fatalité que nos ainés ont cultivé en nous inculquant que seul l’européen peut
nous développer. Nous pouvons nous développer avec le concours de
l’Etranger mais insufflant notre propre vision au lieu d’attendre que toute
idée vienne de l’extérieur
Dans les
écoles de la RCA, il n’y a pas d’eau courante, pas d’électricité et les élèves ne
mangent pas dans des cantines par exemples. C’est cette école qui est le
fondement de notre fatalité. Etre fataliste, n’est pas.
Aujourd’hui,
les importations des produits alimentaires comme le riz ou la farine de blé
importés au lieu du Manioc, les délestages insupportables monnaies
courantes, le manque d’eau potable liée à la défaillance du système de
distribution de l’eau, l’importation de poulet ou de lait, ne sont pas
compatible avec notre si fertile pays ou il pleut régulièrement.
A quand l’école
Centrafricaine de formation aux technique d’extraction, de traitement en
joaillerie ou de formation en taillerie du diamant dont notre pays est
producteur? La seule taillerie qui a existé dans le pays appartenait a
des juifs mais ces derniers ne pouvaient pas apprendre aux jeunes
Centrafricains la technique d’extraction industrielle, rôle qui incombe à
l’Etat Centrafricain.
A quand
l’école centrafricaine de formation aux technique de culture industrielle, de
traitement hygiénique, de distillation de boisson à base du manioc, de
conservation à grande échelle de la farine du manioc sous conditions
hygiénique, ce manioc qui est mangé par 80% de la population ?
Ces deux
questions prouvent à suffisance que nous ne nous préoccupons assez pas des
questions de dépendance alimentaire, condition sine qua none pour
l’épanouissement et le bien-être des populations. Nous sommes orientés vers
l’exportation et l’émigration
Conclusion :
Etant donné que le combat du Président-Fondateur a perdu sons sens, écoutons le
lointain APPEL de nos ancêtres à laquelle s’ajoute celle de BOGANDA qui
nous appelle comme écrit dans notre hymne national.
Au travail
dans l’ordre et la dignité. Dans le respect du droit mais surtout dans le
respect des textes fondamentaux des droits de l’homme dans l’Unité, reprenons
le flambeau et brandissons vraiment l’étendard qu’il nous a légué pour relancer
un pays du bassin Oubanguien vers le Chari.
Retrouvons
une identité culturelle puisque l’esprit de Boganda de construire une
République des Etats Unis d’Afrique Latine allant du Tchad au Gabon et des
bordures de l’Oubangui à l’Océan par le Cameroun n’a pas réussi. Transformons
l’ancienne Oubangui Chari en Kodro Ti Yé Kwe (KODRO YEZ0) puisque nos
partisans n’ont pas adhérer à la notion de République Centrafricaine
Unissons-nos
efforts pour un nouvel Etat qui reflète notre identité culturelle. Reprenons le
flambeau dont parlait BOGANDA. Relançons la question de la notion
de pays car c’est quoi notre pays ? C’est quoi le peuple de ce pays ?
Aux autres
responsables politiques africains qui utilisent le succès de OBAMA, il
faudrait faire remarquer que la fierté du succès d’un Noir, oui son succès ne
doit pas devenir une illusion.
OBAMA a été
possible car il s’est battu contre les préjugés des mêmes noirs mais aussi des
blancs. Mais son succès est en grande partie dû à la transparence du système
américain et au fait qu’en Amérique les anciens Présidents ne modifient pas les
constitutions pour rester éternellement au pouvoir.
En Amérique les
Jeunes se battent et sont aidés par système politique ou les textes sont
respectés à la lettre. Les dirigeants africains devront plutôt se demander
s’ils construisent des sociétés qui permettent l’émergence des OBAMA.
Je vous remercie
Jean-Pierre Mara